C'est un travail sur le verbe exaltant et qui porte un regard neuf sur l'intensité du style italien de Haendel, alors le plus doué de sa génération et qui à ce titre, séduit et fascine l'élite romaine au début du XVIIIè (dès 1707). Soulignons l'approche des instrumentistes de Forma Antiqua, fondé en 2006 par les 3 frères Zapico (dirigé du clavecin par Aaron): inflexion contrastée, souci de l'articulation et de l'expressivité.

Le récital haendélien montre comment un jeune ensemble de musique ancienne et baroque espagnol Forma Antiqva, découvert en 2010 au festival de Cuenca (Semana de Musica religiosa de Cuenca 2010) apprend et assimile non sans audace et virtuosité le langage lumineux de Haendel. Le répertoire et les oeuvres sélectionnées sont redoutables, mais ô combien révélateurs des affetti italiens: laboratoire désigné pour l'apprentissage de la rhétorique et de l'éloquence baroque du XVIIIè.

Saluons le choix des cantates pour alto et basse continue de Händel, rares au concert comme au disque où le contre ténor Xavier Sabata démontre une attention louable au labyrinthe sentimental, épanchements et expressivité ardente de la douleur amoureuse. Sur les poèmes de Rolli, Haendel tisse tout un monde de vertiges et de désirs qui étreint et éprouve le coeur chantant. Le soliste accompagné par un coeur musical palpitant, sait projeter sans excès et dérapages de style, la franchise émue, hypersensible du cycle littéraire.

C'est un travail sur le verbe exaltant et qui porte un regard neuf sur l'intensité du style italien de Haendel, alors le plus doué de sa génération et qui à ce titre, séduit et fascine l'élite romaine au début du XVIIIè (dès 1707). Nombre de cardinaux dont en particulier Benedetto Pamphili se passionne pour le génie du jeune compositeur, par ailleurs virtuose du clavier (orgue et clavecin). Pour sa part, le musicien connu pour sa Brockes Passion, ne sera plus jamais le même: pendant son périple italien, nourri au lait ultramontain, il compose en Italie, plusieurs de ses premières chefs d'oeuvre: La Resurrezione, Dixit Dominus, Il trionfo del tempo e del disinganno, Aci, Polifemo e Galatea, Rodrigo, Agrippina...)

Soulignons l'approche musclée et bondissante des instrumentistes de Forma Antiqva, fondé en 2006 par les 3 frères Zapico (dirigé du clavecin par Aaron): inflexion contrastée, souci de l'articulation et de l'expressivité. Le continuo est d'une constante invention. Voilà qui atteste de la relève des Banzo et Biondi, quand le mouvement baroqueux commence de manifester certaines lassitudes interprétatives. Ici, les attaques brûlent; la vivacité des musiciens exaltent le tumulte et la tempête des sentiments. Ce Haendel est âpre comme les premiers serments; ivre comme les désirs tus; proche des vertiges du coeur. Exaltant!